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Des ailes et des plumes
Des ailes et des plumes
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31 mars 2006

C'est le premier avril !

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Si le poisson est bon pour la mémoire, j'ai demandé à quelques amis de composer un texte dont les personnages sont des animaux qui critiquent la société des hommes en utilisant des expressions animalières. Imaginons un dialogue entre le Renard et la Cigogne que Monsieur de La Fontaine serait fort surpris d'entendre...       

Aujourd’hui, moi, Lou RENARD, dès le chant du coq, je cale mon estomac d’autruche avec un cuissot de chevreuil bien épicé. Puis, malgré le temps de cochon qu’il fait, je décide de rendre visite à ma bonne amie Rose LACIGOGNE  DE LONBEC pour m’enquérir de son état de santé. J’enfile mon manteau en chinchilla et me munis de mon parapluie. (Certes, il lui manque une baleine, mais il peut encore me protéger un peu de la pluie qui tombe comme vache qui pisse). Je monte dans ma Jaguar qui broute un tantinet au démarrage et « Hue cocotte ! » je roule en direction de  « La Bergerie », rue des Harengs bleus à Saumurette. À vol d’oiseau, cela se situe à 28 kilomètres de chez moi. En conduisant, je fredonne ma chanson préférée « Rossignol de mes amours ». Je suis un vrai chardonneret, et comme toujours, gai comme un pinson.
Je traverse le village de Clochemerle près de Lyon, à 2 kilomètres de Saumurette. Je poursuis mon chemin tranquillement, car je suis prudent. Ça y est, je suis devant la résidence les Harengs bleus. Je gravis à pied l’escalier en colimaçon de l’immeuble de mon amie. C’est bête ! Je ne me souviens jamais à quel étage se situe le nid douillet de celle-ci. Heureusement, elle m’attend sur le seuil de la porte : elle est toujours aussi jolie, pareille à la chèvre de M. Seguin. Cette robe couleur saumon, à manches chauve-souris lui sied bien. Après des embrassades chaleureuses, elle me confie que sa fièvre de cheval l’a quittée. Elle va mieux ! Bien sûr elle ne peut pas encore courir comme un lapin, mais comme un poisson lent elle reprend ses activités. Elle est ravie de me montrer la dernière portée de six chatons de « Minette », son animal de compagnie. Puis nous nous installons au salon où je déplore une forte odeur d’antimite. Les meubles à pieds-de-biche qui encadrent la pièce sont ravissants ! Ils font un effet bœuf ! Je le lui fais remarquer. Elle est fière comme un paon.

- « Durant votre maladie, ne vous êtes-vous pas ennuyée, ma chère ? »

- « Non, je somnolais toute la journée. J’avais le bourdon, je l’avoue ! J’étais si faible que je n’aurais même pas été en mesure de faire une cocotte en papier ! Mais le médecin m’a prescrit un remède de cheval qui m’a déjà bien rétabli ! Bientôt je serai aussi fraîche qu’un gardon et ferai à nouveau des sauts de cabri ! »

Elle me propose un apéritif. J’avais résolu de devenir sobre comme un chameau, mais je ne peux résister au verre de Mouton Rothschild qu’elle me propose. Nous trinquons quand soudain, nous entendons beugler un couple de voisins, les DUBOEUF, de la maison d’en face ou plutôt de l’étable, vu l’état des lieux voire de ses occupants !

- « L’homme est un animal sociable » a dit Montesquieu, commente Mme LACIGOGNE facétieuse.

Nous pouffons de rire ! Puis sérieusement, elle ajoute :

- « Vous savez, ce n’est pas une solution de donner des allocations chômages et autres aides pécuniaires à des oiseaux pareils ! Cela encourage la paresse. De plus, c’est donner de la confiture aux cochons ! Ils n’en ont jamais assez ! Ils gaspillent ! Ils jouent même aux courses de chevaux avec leurs subsides !

-  Vous avez tout à fait raison ! Vous ai-je raconté mon algarade avec ces singes, après la dernière visite que je vous ai rendue ? Imaginez-vous que le cachalot de mari m’a dit en me voyant me diriger vers ma bétaillère flambant neuve : « Tiens voilà la gauche caviar ! ». Cela m’a fait un coup au cœur ! Et sa femme, qui le suivait tel un caniche, se tordait de rire comme une baleine tout essoufflée ! Mais, vous me connaissez, j’ai réagi ! Je me suis roulé en boule comme un hérisson puis j’ai harponné ces cétacés ! « Qui vous engraissent comme des cochons, espèce de marcassins ? Soyez polis et reconnaissants, je vous prie ! Un conseil : relisez votre bestiaire, vous en avez grand besoin ! Par ailleurs, sachez que la bave du crapaud n’atteint pas la blanche colombe ! ». J’avais les abeilles !  Mes oreilles bourdonnaient ! Ils me fixaient avec leurs yeux de veau. En regagnant mon véhicule, j’ai dû passer devant eux : elle sentait la cocotte et lui le bouc !!! Cela m’a indisposé ! Heureusement que je m’étais aspergé de mon eau de toilette « Félin satiné », car cela a atténué un peu le supplice que j’endurais. Puis, une bête à bon dieu s’est posée sur ma main et cela m’a calmé un peu. Je les ai quittés là car j’en avais assez et d’autres chats à fouetter. »

Mme Cigogne est stupéfaite :

- «  Ils n’ont pas osé !!! Mon pauvre ami ! Ce sont des fauves ces gens-là ! Je sais qu’ils sont toujours à braire et à jouer des tours de cochons aux uns et aux autres. Mais vous traitez ainsi, VOUS ! Vous auriez bien fait de faire comme l’âne au lion : un bon coup de pied dans le bas de leur dos et ils auraient senti le poids de vos mots.

- Si vous saviez dans quel état j’étais ! D’abord excité comme une puce, j’ai ensuite été abattu par un cafard monstre. Il m’a fallu plusieurs heures pour m’en remettre. Enfin, les règles de courtoisie la plus élémentaire ne sont pas faites pour les chiens !

- Et, mon ami, si vous connaissiez les autres membres de la famille ! Je vous les présente.
La grand-mère, une vieille bique, qui cancane toute la journée et regarde les mouches voler en fumant la pipe. Elle a une araignée au plafond ! De plus, un œil-de-perdrix au pied droit qu’elle refuse de soigner, la fait clopiner sans cesse.
Son mari, un grand échalas, ex-maquereau, n’apprécie plus maintenant que les canettes (de bière). Ses grosses lunettes lui donnent un air de hibou. J’en ai peur ! Quand je le croise, il me fait trembler comme un chaton !
La ganache de Mme DUBOEUF est née sous le signe du scorpion avec ascendant capricorne. Vous avez compris. Il n’y a rien à ajouter. Le mari, surnommé Loulou, est un coq de combat, il est boxeur ! Il ne s’adresse à sa famille qu’à coups de gueule et tient toujours avec le voisinage des propos cavaliers. Vous en avez fait les frais ! À noter que c’est le seul qui travaille.
La couvée n’est pas mieux ! Les enfants de Mme DUBOEUF sont tous de père différent : un berger allemand, un briard, un bobtail, un berger belge, une bécasse et une belette dont Loulou est le géniteur ! Lorsque ledit Loulou s’est accouplé avec sa grosse caille, il avait déjà un bardeau qui vit depuis le mariage du père avec toute la famille de Madame. Quelle engeance ! Il est beau le poulailler ! Copains comme cochons, quand il y a de quoi trinquer et autrement ils sont comme chiens et chats ! La mère traite les poulains et pouliches comme du bétail ! Le paddock est dans un état !
Les deux aînées sont de vrais étourneaux : l’un a une aigrette de cheveux rouges, l’autre porte une crête fuchsia et violette sur la tête. Ils ont des piercings sur tout le corps et même dans le visage (on dirait qu’ils font une publicité pour la vache qui pleure !). Tous les deux sont tatoués comme de la viande de boucherie après les contrôles vétérinaires. S’ils étaient abandonnés, même la SPA se détournerait de leur sort, tant ils sont affreux !
Le troisième enfant bâti comme un chimpanzé est une larve, un aoûtat, bête comme ses pieds. Quand on lui parle, il se demande toujours si c’est du lard ou du cochon, sans jamais trouver la réponse !
Le Belge brait toute la journée. Quoi ? Il ne sait pas lui-même, tant il est abruti par le foin qu’il fume. Il a un air bestial et quand il est en crise, c’est une bête féroce !
La Bécassine se promène avec une plume d’autruche sur son chapeau crasseux pensant que cela suffit pour être une tourterelle distinguée. Son cou est en forme de col-de-cygne et ses oreilles sont aussi grandes et pointues que celles d’un lapin. Elle est chouette, la guenon ! Et de plus, Mademoiselle est toujours à chercher la petite bête. Elle renâcle sur tout,
jamais contente de son sort. Elle ne pense qu’à une chose : partir. Mais où la chèvre est attachée, il faut qu’elle broute ! N’est-il pas ? Elle fréquente un cabot chef (pas folle la guêpe !), mais les parents de ce jeune coq n’en sont pas ravis. Ils n’entendent pas laisser entrer le loup dans leur bergerie ! On les comprend !
La dernière est une vraie morue à culotte de cheval. Elle est fainéante comme une couleuvre. Elle est encore moins gratinée que sa sœur. C’est une poule de très basse cour.
Le poulain de Monsieur a une mobylette. Chaque fois qu’il voit une pancarte de signalisation « dos d’âne », il s’étonne de ne jamais rencontrer de baudet ! Tout le quartier en rit ! Il ne possède aucun sens pratique. Toujours, il place la charrue avant les bœufs ! Quelle horde de charognards ! Et tous ces parasites vivent aux basques de la société ! Ils sont la honte de notre espèce !

- Ma pauvre Mme CIGOGNE ! Je comprends votre révolte. Je suis d’accord avec vous. Le blé n’est pas distribué équitablement. Tenez, quand j’ai demandé à être dispensé de l’impôt sur la fortune puisque je donne chaque mois 100 euros à ma vieille mère sans ressources pécuniaires, cela m’a été refusé. Quelle injustice flagrante !

- Et moi, quelle aide ai-je ? Depuis mon veuvage, mes revenus ont diminué de moitié et je dois vivre désormais avec 5 000 euros mensuels. C’est si peu ! Et l’État ne vient pas à mon aide. C’est honteux ! La société ne sait que me tondre la laine sur le dos.

- En France, les politiciens ne servent que les oisifs. Quant à nous, les réels nécessiteux, les gens politiquement corrects : RIEN ! Nous sommes à plaindre pourtant ! Notre sort n’est pas enviable ! Nous sommes les dindons de la farce.

- M. RENARD ! Je crains le pire, pour l’avenir !

- Moi aussi, Mme CIGOGNE. Croyez-moi la REVOLUTION n’est pas loin ! Comme a dit Péguy : « Jamais, on ne fut tant aux larmes et aux bêlements de la Paix »

- Pauvre France !

Et nos deux compères cessent là, leurs lamentations pour se substanter d’un petit peu (les temps sont durs !) de caviar d’Iran, arrosé de Château-Cheval-Blanc, suivi de pieds-de-mouton.

Plume folle

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Commentaires
V
Coucou,<br /> <br /> Je viens de lire le texte et je le trouve génial. En clair, j'ai adoré! C'est subtilement teinté d'humour. Comme on dirait chez moi : "Aou ma soeur, c'est trop valab'!"
Des ailes et des plumes
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